Déclaration du Conseil national du MJCF – 17 mai 2025
Le Conseil national du MJCF réuni les 17 et 18 mai 2025 prend acte de la gravité du contexte international, traversé par une polarisation croissante et la recrudescence des logiques guerrières.
La volonté affirmée du gouvernement israélien d’annexer la bande de Gaza constitue, à ce titre, une escalade importante dans le bafouement du droit international et une étape supplémentaire de son projet colonial et génocidaire.
Depuis un an et demi, les bombardements, l’entrave à l’aide humanitaire, la famine et le blocus de Gaza ont fait plus de 50 000 morts palestinien·nes. Si la France, par la voix de Jean-Noël Barrot, condamne le plan d’annexion, il est désormais urgent de passer aux actes.
Les 3 et 4 juin aura lieu une conférence de l’ONU sur la résolution de la question palestinienne, co-présidée par la France et l’Arabie Saoudite. Emmanuel Macron a indiqué qu’il pourrait reconnaître l’État de Palestine à cette occasion, mais seulement si certains pays arabes reconnaissent l’État israélien. Ce chantage est inacceptable : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne peut pas être conditionné.
Nous réaffirmons la nécessité absolue que la France reconnaisse l’État de Palestine et ses territoires, tels que définis par les Nations unies, sans condition, sans délai. La France doit se désaligner des intérêts nord-américains et retrouver une voix de paix.
C’est de toute évidence un levier important pour faire arrêter l’occupation et les crimes de guerre, et nous continuerons de mener bataille durant les semaines à venir pour obliger la France à s’en saisir.
Parallèlement, la guerre commerciale lancée par les États-Unis conduit les pays d’Europe à mener une guerre sociale à la classe travailleuse. En visant particulièrement la Chine, les Etats-Unis font savoir qu’ils continueront de s’acharner contre tous les peuples qui contestent leur domination financière, politique et militaire.
Si Donald Trump peut d’apparence sembler hostile à ses vassaux européens, il illustre en réalité la continuité stratégique de la politique des États-Unis depuis la naissance de l’alliance atlantique : la pression politique et économique sur les pays d’Europe qui, en échange d’une soi-disant protection militaire, ont ouvert leur marché aux marchandises et capitaux états-uniens, et leur ont délégué la politique étrangère.
Si Trump a suspendu pour 90 jours certaines taxes “réciproques” sur 75 pays, dont l’Union européenne, jugés “ouverts à la négociation”, l’objectif reste le même : imposer un rapport de domination commerciale, vendre sans entrave, empêcher la concurrence. Le bras de fer se situe dans le fait que Trump souhaite baisser le tarif extérieur commun de l’Union européenne, alors que le dollar lui permet déjà de compenser le déséquilibre commercial entre les États-Unis et l’Union européenne. C’est en fait un privilège pour les États-Unis d’échanger, sur le long terme et sans problème, des volumes de valeur non équivalents.
En dépit de quelques contradictions, les capitalistes européens sont d’accord sur l’essentiel avec Trump : la financiarisation de l’économie, la domination politique du dollar et la politique des monopoles capitalistes. Résultat : les États-Unis imposent leurs normes, protègent leur marché, et l’Europe continue de s’aligner – en faisant payer la facture aux travailleurs, par la mise en concurrence, les fermetures d’usines et l’affaiblissement des protections sociales.
C’est pourquoi, nous ne sommes pas étonnés du rabibochage entre Trump, Starmer, Merz et Macron pour exiger un cessez-le-feu de 30 jours en Ukraine, avant les négociations pour la fin de la guerre, et coordonner de nouvelles sanctions contre la Russie en cas de non-respect de celui-ci. Ce rapprochement transatlantique était tout à fait prévisible, malgré la mise en scène dramatique d’un désaccord, et l’idée de Macron de créer un bloc européen autonome des États-Unis qui relève de la tromperie.
Les dirigeant·es européens actuels ne refuseront pas d’acheter davantage d’armes américaines ou de laisser les États-Unis piller les ressources de l’Ukraine, car ils n’ont pas de projet alternatif sérieux à l’alliance atlantique. Le dernier exemple en date : le 6 mai, la Commission européenne a annoncé vouloir se passer du gaz russe d’ici 2027, ouvrant un boulevard au gaz liquéfié étatsunien.
Les pourparlers directs entre Russes et Ukrainiens pour le cessez-le-feu se sont d’ailleurs soldés par un échec. Les espoirs de paix semblent s’éloigner chaque jour davantage. Dans cette nouvelle étape de l’offensive capitaliste, soldat et ouvrier sont confrontés à un système qui les sacrifie aux intérêts des monopoles et des logiques de guerre.
Dans ce contexte, nous assistons depuis plusieurs mois à une montée en puissance du discours militariste en Europe, relayé en France par les appels de Macron à la jeunesse pour s’engager dans l’armée. Le succès de la réserve militaire exprime la volonté de jeunes de “sauver le pays”, mais cette aspiration est captée par une idéologie de guerre au nom d’intérêts impérialistes.
En tout état de cause, la guerre en Ukraine, la guerre commerciale des États-Unis contre la Chine et le chantage sur les tarifs douaniers ne font qu’aggraver une crise industrielle ancienne, déjà accentuée par le tarissement de l’approvisionnement en gaz.
Les logiques protectionnistes invoquées de part et d’autre n’apporteront aucune solution pour la classe travailleuse. Seule une nouvelle industrialisation, couplée à de nouvelles coopérations internationales émancipées de la dépendance avec les États-Unis, pourra résoudre les problèmes qui se posent. La réindustrialisation du pays passe d’abord par la préservation et par le développement de l’existant.
En France, cette spirale se traduit par un renforcement des logiques austéritaires – à l’image des débats précoces sur le budget 2026 – et l’érosion de notre appareil industriel.
Guidé par des logiques court-termistes et la volonté jusqu’au boutiste de préserver la rentabilité du capital, le gouvernement démontre son incapacité à penser le pays sous un autre angle que celui de la rigueur budgétaire.
Dans l’immédiat, ces choix accélèrent l’érosion de notre appareil industriel, et enracinent le pays dans une situation de récession, instrumentalisée par le Président de la République pour justifier les choix budgétaires : plus de dépenses pour la dette, la guerre et les aides aux entreprises, moins pour les services publics.
Il se rend donc coupable d’un double crime : d’un côté, l’austérité ne permet plus de former, soigner et accompagner les travailleur·ses. De l’autre, la désindustrialisation impacte notre capacité à construire une politique sociale ambitieuse. Comment répartir la richesse qu’on ne produit plus ?
À ce titre, la situation d’Arcelor est significative : après avoir annoncé la fermeture de plusieurs sites, le groupe entend procéder à la suppression de 600 postes de salariés.
En laissant Mittal mener la danse, le gouvernement fixe une trajectoire sinistre : sans acier, comment réindustrialiser le pays, comment reconstruire et rénover nos infrastructures publiques ? Dans cette situation, nous réaffirmons notre soutien aux salarié·es et exigeons la nationalisation immédiate d’ArcelorMittal.
Cette situation impacte doublement les jeunes. D’abord, l’austérité et la désindustrialisation du pays accentuent le chômage, dont nous sommes les premières victimes. Ensuite, l’incapacité des libéraux à planifier nous pousse dans des formations qui ne débouchent plus sur des emplois utiles et qualifiants.
C’est le cas pour les apprenti·es, qui – après une perte de salaire considérable – subissent une énième réforme des financements de l’apprentissage qui mène à la dégradation de leurs conditions de travail. La baisse du niveau de prise en charge des formations a un impact très concret dans la formation des apprentis : ce sont des formateurs qui ne seront pas reconduit, du matériel supprimé, un moins bon suivi en entreprise, etc.
C’est aussi le cas pour les lycéen·nes pro qui passent leur bac en ce moment, et qui subissent de plein fouet les effets de la réforme Macron : moins de cours, moins d’accompagnements et des épreuves diplômantes prématurées dans l’année.
Face à cette situation d’impasse, le MJCF doit porter une réponse politique offensive, capable de reconstruire une conscience de classe. Nous nous inscrivons pleinement dans le combat de classes qui a lieu sur les grands choix économiques du pays, et nous comptons bien nous faire entendre.
Notre campagne pour la création d’1 million d’emplois doit jouer ce rôle, en faisant de celle-ci un levier pour sortir la jeunesse de la précarité, nous souhaitons démontrer qu’il existe une voix dans le pays pour contester la direction de l’économie par le patronat et les capitalistes.
La création d’emploi doit être l’œuvre des travailleur·ses, car c’est leur intérêt de classe de développer l’emploi et la production pour satisfaire les besoins sociaux. Couplé à une refonte en profondeur du travail – conditions, salaire, qualification, démocratie dans l’entreprise – la création d’emploi permet engager une transformation révolutionnaire de la société.
De la même façon, la bataille que nous menons pour la reconnaissance de la Palestine doit nous démontrer que nous pouvons obtenir des victoires populaires importantes, si nous les portons avec force et conviction.
Il reste trois semaines avant la conférence de l’ONU co-présidée par la France et l’Arabie Saoudite : obligeons la France à y prendre un engagement fort pour la paix, la justice et les droits du peuple palestinien.