Déclaration du Conseil national
29 novembre 2025,
Crise d’hégémonie : l’impérialisme étasunien s’intensifie
Les États-Unis continuent d’exercer leur impérialisme sur le continent américain, qu’ils considèrent comme leur propriété au titre de la doctrine Monroe. Ce comportement, qui s’exprime aujourd’hui autant par la confrontation directe que par le soutien aux gouvernements d’extrême droite les plus dociles du continent, de l’Argentine de Milei au Chili où l’extrême droite est aux portes du pouvoir 35 ans après la chute du fascisme, révèle une volonté de contrôle hégémonique du continent dans sa forme la plus violente.
Au Venezuela, l’administration de Donald Trump enchaîne menaces d’intervention militaire, pression économique et tentative de déstabilisation sous couvert de lutte contre le narcotrafic. Les frappes illégales menées par l’armée américaine contre des bateaux vénézuéliens ainsi que la nomination de l’opposante fasciste, ultra-libérale et pro-USA María Corina Machado en tant que prix Nobel de la paix sont à ce titre éloquent.
Cette stratégie s’inscrit plus largement dans une offensive régionale où l’impérialisme cible aussi le Nicaragua d’Ortega, la Colombie de Gustavo Petro qualifiée de « narco-État » pour avoir affirmé sa souveraineté, ou encore le Mexique de Claudia Sheinbaum, confronté à des tensions multiples avec Washington allant des droits de douane aux polémiques absurdes comme la tentative de rebaptiser le golfe du Mexique.
Le MJCF condamne fermement ces interventions qui prolongent une longue tradition injustifiable d’ingérence dans les affaires internes des nations latino-américaines. Le MJCF exprime son soutien au gouvernement vénézuélien dans sa lutte contre l’impérialisme étasunien et plus largement aux peuples qui, face à cette pression croissante, choisissent la coopération, l’émancipation et La Défense de leur souveraineté.
À l’ONU, la communauté internationale a, pour la 33ᵉ année consécutive, exprimé son large soutien à Cuba contre le blocus criminel des États-Unis, à 165 voix pour, 7 contre et 12 abstentions. Cela, malgré une intense campagne de désinformation étasunienne qui accusait Cuba d’envoyer des militaires combattre en Ukraine. La République de Cuba a catégoriquement rejeté ces accusations mensongères en précisant que la justice cubaine sanctionne les mercenaires.
Ces pressions s’inscrivent dans un contexte de polarisation inédite du continent, où les gouvernements socialistes sont particulièrement ciblés parce qu’ils se trouvent à l’avant-garde des peuples qui défendent leur droit à décider librement de leur avenir.
Le MJCF est actif dans le soutien au peuple cubain, particulièrement en organisant dans plusieurs villes de France des conférences et des rencontres avec les jeunes communistes qui ont découvert Cuba au mois d’août lors d’un séjour de deux semaines. Ces actions sont amenées à se multiplier pour faire grandir la solidarité internationale avec Cuba et, plus largement, avec les peuples latino-américains confrontés au retour assumé de la doctrine Monroe.
Le 30 octobre s’est tenu en marge du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique à Séoul une rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping pour conclure un accord dans la guerre commerciale.
Un accord qui a le goût d’une trêve dans le conflit techno-industriel de long cours. Une trêve imposée par la Chine après ses menaces de restrictions sur ses exportations de terres rares. La Chine refuse l’usage militaire de ses ressources naturelles et productives par les États-Unis. Cette situation est une première depuis le début de la guerre commerciale, jusque-là rythmée par les revirements incessants du président Trump.
L’Union européenne, quant à elle, est engluée dans sa position de vassal des États-Unis et subit de plein fouet la violence économique de l’oncle Sam.
La France doit sortir de la position de vassal des États-Unis incarnée par l’Union européenne.
Nous contestons la violence économique exercée par l’impérialisme américain. La France doit s’employer à construire des relations internationales saines, fondées sur le multilatéralisme et le respect de la souveraineté de chaque nation.
En tant que grande puissance, la France doit mettre en oeuvre une coopération internationale débarrassée de toute logique prédatrice afin d’aider les pays en développement à suivre une voie de progrès écologique et social, respectueuse de leur souveraineté
L’État de Palestine sous tutelle
Le “Plan de paix Trump” en Palestine, s’il a le mérite d’avoir conduit à un cessez-le-feu, instaure en réalité une tutelle qui empêche l’exercice effectif du droit à l’autodétermination du peuple palestinien.
La marginalisation de l’ONU et de l’Autorité palestinienne, ainsi que la poursuite des violations du droit international, témoignent d’une situation coloniale persistante.
Le MJCF demande, pour faire suite à la reconnaissance de l’État palestinien par la France, un engagement clair de la France en faveur de la libération des plus de 9 000 prisonniers politiques palestiniens, dont Marwan Barghouti, ainsi que l’organisation d’élections libres sur l’ensemble du territoire palestinien.
À l’occasion du 29 novembre, journée de la solidarité avec le peuple palestinien, le MJCF s’engage dans une lettre adressée à Marwan Barghouti à continuer la bataille de la mobilisation populaire internationale pour sa libération.
La COP30 révèle l’impasse écologique des puissances occidentales
La COP30 s’est conclue cette semaine. Cette dernière avait une importance particulière après la publication par la plupart des États des CDN de troisième génération (Contributions Déterminées au niveau national).
Ce sommet fut l’occasion d’observer l’abandon de toute ambition écologique des États-Unis, qui s’est exprimé par un boycott du sommet par Trump. Ce dernier accueillait dans le même temps le dirigeant de la pétromonarchie saoudienne, Mohammed ben Salmane. L’Arabie saoudite, qui a bloqué l’introduction d’une trajectoire de sortie des énergies fossiles.
On observe un clair décalage entre le discours et les ambitions affichées par les pays occidentaux en matière environnementale et leurs actes. L’UE se rêve en leader climatique, mais, en visant une neutralité carbone seulement en 2050, elle assume de fait que le monde n’atteindra pas la neutralité carbone à cette date.
Bien qu’elle récuse ce statut, la place de leader climatique est aujourd’hui clairement occupée par la Chine, pour qui les énergies renouvelables représentent déjà plus de 20 % du mix énergétique.
Au premier trimestre 2025, les émissions chinoises ont baissé de 1,6 %. Cette baisse durable observée depuis mars 2024 laisse envisager que la Chine aurait atteint son pic d’émissions près de six ans avant l’échéance qu’elle s’était fixée.
Le premier frein à l’investissement dans l’industrie verte en Europe est le manque de compétences et de savoir-faire. Sans travailleuses et travailleurs formés dans les secteurs clefs de la réindustrialisation verte, toute ambition écologique est vaine. Les carences de compétences à l’échelle européenne se situent de l’ouvrier à l’ingénieur, de la formation professionnelle à la recherche scientifique.
L’abandon dogmatique des sites du sidérurgiste Arcelor-Mittal par le gouvernement est symptomatique de cette situation. À ce titre, nous nous félicitons du travail engagé par les parlementaires communistes pour revendiquer sa nationalisation.
Face à une UE sans cap, seule une vision planifiée, de la formation à la production, pourrait nous permettre de répondre efficacement à nos besoins.
Le MJCF appelle à une véritable révolution des savoir-faire, fondée sur un investissement massif dans la formation, sur une transformation du modèle d’apprentissage et sur une politique industrielle verte indépendante des impératifs financiers à court terme.
Les apprentis font les frais d’un modèle patronal
Le projet de loi de finances pour 2026, présenté par Sébastien Lecornu, prévoit la fin des exonérations de cotisations sociales, salariales et patronales pour l’apprentissage, ainsi que la fin de l’aide de 500 € pour le permis de conduire à destination des apprentis.
Le modèle de l’apprentissage est à la croisée des chemins.
Beaucoup de TPE et PME vivent de l’exploitation d’apprentis largement subventionnés par l’État. De son côté, la bourgeoisie financière accepte ce compromis, trouvant plus urgent le remboursement de la dette qu’elle détient en partie.
Cette situation est une fenêtre de tir pour remettre en cause le modèle de l’apprentissage, aujourd’hui fondé sur une subvention massive au patronat, qui lui garantit une main-d’œuvre à très bas coût.
À l’issue de la pression mise par le MJCF et relayée par les parlementaires communistes, le gouvernement a pour l’heure reculé sur la fin des exonérations. Mais, au-delà, la situation de blocage à l’Assemblée nationale empêche toute perspective de solution parlementaire.
Le MJCF a su imposer son calendrier politique nationalement, en faisant de la question de l’apprentissage un sujet national. En particulier sur la question des baisses de salaires nets, qui ont été une approche simple et efficace.
La mobilisation intersyndicale du 2 décembre doit être l’occasion pour le MJCF de continuer de porter avec force ses revendications en matière de formation professionnelle, d’emplois dignes et utiles, pour un plan national de développement des qualifications fondé sur l’élévation générale du niveau de connaissances et sur la création d’emplois socialement et écologiquement utiles.
Un service pour la paix, contre la guerre
Dans un climat politique où la posture va-t-en-guerre est devenue la norme, Emmanuel Macron a dévoilé un nouveau « service militaire volontaire » rémunéré 900 € par mois. Nous refusons ce faux dilemme qui ne laisse aux jeunes que le choix entre la misère ou la guerre.
Le caractère volontaire de ce service, qui s’adresse en grande partie à des jeunes en perte de repères dans une époque qui ne leur garantit ni l’accès aux études ni des emplois utiles et émancipateurs, renforce la déconnexion de l’institution militaire avec le reste de la nation.
Seul un service véritablement universel, adossé à une armée dont l’unique objectif serait la défense du territoire national, pourrait devenir un outil de paix par l’exercice d’un contrôle populaire réel sur l’institution. Un service militaire non pas pour servir les intérêts impérialistes, mais pour répondre aux crises écologiques et sociales à venir.