Déclaration du Conseil national du MJCF des 27 et 28 septembre 2025

Le Conseil national du MJCF réunit les 27 et 28 septembre, affirme que face à une situation marquée par une tendance à l’isolement de l’impérialisme, et une situation de blocage politique inédite en France, des victoires politiques sont possibles. 

L’impérialisme accroît sa brutalité. Les pressions exercées sur l’Europe par Donald Trump, dans la guerre commerciale qu’il mène contre la Chine et le monde, ont des conséquences visibles. 

C’est sans mandat, et contre les intérêts de l’ensemble des peuples européens que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen,  a engagé en juillet dernier, l’Union européenne dans un accord de soumission aux États-Unis.

Droits de douane multipliés par neuf, obligations d’achat de 750 milliards de dollars d’hydrocarbures et d’armements, 600 milliards de dollars  investissements outre-Atlantique : cet accord est une déclaration de guerre contre les peuples européens.

Celui-ci illustre l’isolement de l’occident, qui s’enferme dans une posture toujours plus belliciste et autoritaire. La tournée entreprise par Ursula Von Der Leyen en Europe de l’Est en témoigne. 

Derrière la volonté affichée de « renforcer la solidarité et la défense européenne » se cache un tout autre dessein : contourner les souverainetés nationales afin d’imposer aux États membres une diplomatie et une défense fédérales. 

Nous l’avons constaté il y a quelques semaines lors du discours sur l’état de l’Union 2025, les libéraux européens ne reculeront devant rien, et leur objectif est clair : construire l’Europe du capital, de la guerre et de l’austérité. 

Face à cette fuite en avant belliqueuse, la reconnaissance de l’État de Palestine le 22 septembre, constitue une victoire populaire du peuple français, arrachée par des décennies de mobilisation auxquelles les communistes ont largement participé. 

Chacune des initiatives entreprises ces derniers mois, des simples tractages et signatures de pétitions, aux événements de masses organisés par les jeunes communistes partout sur le territoire, a contribué à cette victoire de premier plan. 

Désormais, il s’agit de donner matière à cette avancée. Si certains n’y voient qu’une concession symbolique face au génocide en cours à Gaza, nous devons rappeler que celle-ci ordonne des actes concrets. 

Puisque désormais la France reconnaît la Palestine comme un État souverain, elle doit prendre des mesures diplomatiques : sanctions contre l’État d’Israël, arrêt des livraisons d’armes, suspension de l’accord d’association UE-Israël, refus des projets coloniaux, de guerre et du plan Riviera.

Le MJCF affirme que cette bataille doit être poursuivie et intensifiée, pour imposer une rupture claire avec le génocide en cours, l’apartheid, la colonisation et apporter toute sa solidarité au peuple palestinien.

Nous exigeons que la France prenne ses responsabilités en organisant, sous l’égide de l’ONU, une flotte humanitaire militaire à Gaza. En tant que membre du Conseil de sécurité, elle a les moyens d’imposer cette initiative. 

Dans cette situation, la libération des prisonnier·es politiques palestiniens est une condition essentielle à la paix. Leur emprisonnement empêche le peuple palestinien de s’organiser politiquement et le prive de son droit à l’autodétermination.

Face à l’impérialisme qui se manifeste à Cuba, au Venezuela et partout dans le monde : souveraineté nationale et soutien des peuples en lutte. C’est avec ce même leitmotiv que nous avons envoyé une délégation à Cuba au mois d’août dernier. 

De La Havane à Santiago, ces 18 délégués ont pu assister à de nombreuses discussions, rencontres, visites afin de comprendre la situation actuelle à Cuba et les réalités du blocus qui étrangle le peuple cubain depuis plus de 60 ans. 

Cette délégation, organisée dans le cadre de notre implication au sein de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD), aux côtés d’autres organisations anti-impérialistes  du monde entier, a permis d’alimenter nos pratiques et nos analyses.

Ce voyage à permis aux 18 délégué·es de se former politiquement aux questions relatives à l’impérialisme, son histoire et ses déclinaisons ; d’échanger leurs expériences avec les jeunes communistes cubains, et de faire vivre la solidarité concrète. 

Les liens entretenus entre notre organisation et l’Union des jeunes communistes cubains (UJC), notamment via la signature d’un accord de coopération historique, démontrent que pour nous, l’internationalisme n’est pas un slogan, mais une stratégie de lutte.

Cet accord donne un cadre concret à notre travail commun : échanges militants, solidarité internationale, actions diverses pour rapprocher les jeunes générations de nos deux pays, dans leurs réalités économiques et sociales.

Dans ce cadre, nous pouvons jouer un rôle déterminant en militant pour renforcer et impulser des accords de coopération internationale dans l’Enseignement supérieur et faire vivre l’internationalisme à l’échelle de chaque lieu d’étude. 

C’est particulièrement vrai dans le cas de Cuba, et de la Palestine qui occupe une place importante dans notre combat contre l’impérialisme. 

Les conséquences de cette situation internationale sont indéniables en France. En se faisant bons ambassadeur·ices des ordonnances belliqueuses et austéritaires européennes, les libéraux maintiennent la France dans une crise économique profonde. 

La proposition de budget faite par François Bayrou est à ce titre significative. Au-delà de la suppression polémique des deux jours fériés, c’est près de 44 milliards d’euros de coupes budgétaires qui ont été posés sur la table.

Entre la volonté d’imposer une année blanche, la baisse des pensions et prestations sociales et le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois dans nos services publics, ce budget est une véritable déclaration de guerre aux travailleur·euses de ce pays.

Certes, certaines mesures semblent d’ores et déjà avoir été enterrées. Il n’en reste pas moins qu’Emmanuel Macron et ses gouvernements successifs démontrent avoir fait le choix immuable du déclin pour la France. 

En bradant les plus beaux fleurons industriels du pays, d’Alstom à Alcatel, ils ont cassé les capacités du pays à produire des richesses. 

De subventions publiques en allègements de cotisations sociales, ils ont mis le Trésor public au service des grandes entreprises, et livré l’Etat aux marchés financiers internationaux en creusant la dette. 

Résultat : le coût de la dette augmente brutalement chaque année, atteignant plus de 55 milliards d’euros en 2024,  faisant de celle-ci l’un des premiers postes de dépenses de l’État.

Celles et ceux qui agitent aujourd’hui « le mur de la dette » pour justifier leur politique de casse sociale sont en réalité ses premiers artisans. 

Dans cette situation et malgré une forte contestation dans le pays, le chef de l’Etat fait une nouvelle fois le choix de l’immobilisme. La nomination de Sébastien Lecornu à Matignon quelques jours à peine après la censure de François Bayrou en est la parfaite illustration. 

Proche parmi les proches du Président de la République et ancien ministre des Armées, il incarne cette ligne politique libérale, profondément austéritaire et va-t’en-guerre.

Si la provocation suscitée par cette nomination paraît irréelle aux yeux des Français, rappelons qu’elle est rendue possible par la composition même de l’Assemblée et des rapports de forces qui s’y expriment. 

Avec plus de 65% de député·es de droite et d’extrême droite, comment rassembler une majorité sur des bases autres que l’austérité et la guerre ? En ce sens, ce blocage organisé est un piège tendu à toutes les organisations de gauche. 

En refusant de considérer ces rapports de force, elle s’est enfermée dans une posture majoritaire illusoire, persuadée que ses résultats électoraux suffiraient pour gouverner. 

En faisant de la taxe Zucman une solution miracle face à la dette – un pas nécessaire, mais limité – elle a abandonné l’exigence de mots d’ordre révolutionnaires et renoncé à s’attaquer aux racines du problème.

En réclamant vainement un Premier·e ministre de gauche, des motions de censure à répétition, ou bien la démission d’Emmanuel Macron, elle a contribué à alimenter un climat de défiance et de désillusion chez les Français. 

Ce climat de méfiance nourrit l’extrême droite, qui en fait son fonds de commerce électoral. En attaquant sans relâche les médias publics et en s’implantant davantage dans les chaînes privées et la presse écrite, il s’offre une vitrine efficace mais mortifère pour les Français.

L’urgence est donc à la structuration d’une mobilisation sociale large, point d’appui pour reconstruire un rapport de force et sortir par le haut de la crise. 

Les 10 et 18 septembre ont marqué deux premières étapes réussies de cette rentrée sociale, avec plus d’un million de personnes dans les rues, des centaines de milliers de grévistes et des dizaines de lycées bloqués. 

La mobilisation qui se poursuivra doit être l’occasion de démontrer qu’au-delà de l’Assemblée, il existe dans le pays une majorité pour l’emploi, la justice sociale et fiscale, et l’abrogation de la réforme des retraites.

C’est en s’organisant au quotidien, avec un militantisme régulier et ciblé sur nos lieux d’étude et de travail, que nous renforcerons la conscience de classe et  construirons, dans la durée, les rapports de force nécessaires pour remporter des victoires significatives. 

C’est tout l’enjeu de notre campagne nationale. Pour le MJCF, il s’agit donc de faire du mouvement social une porte d’entrée vers notre campagne pour la création d’un million d’emplois. 

Chaque manifestation, chaque blocus et chaque initiative doivent permettre de mettre en avant la question de l’emploi et de la formation, et de montrer que d’autres choix sont possibles face à l’austérité contenue dans le budget. 

Là où les jeunes travailleur·euses se mobilisent, sur les piquets de grève et devant leurs lieux de travail, nous devons être présents pour porter nos revendications. 

Soyons présents partout où les jeunes s’organisent, pour faire entendre leurs colères et porter des perspectives. Là où ce n’est pas le cas, à nous de créer ces cadres d’organisations. Cela suppose  avant tout de renforcer notre structuration : multiplier le nombre de groupes dans les lycées, lycées professionnels et CFA. 

Ces groupes doivent devenir les relais locaux de notre campagne, capables d’organiser le débat, les  temps de sociabilités, et de convaincre largement les jeunes qui s’y trouvent. 

En articulant mobilisation sociale, perspectives politiques et structuration militante, nous pouvons faire vivre nos revendications et renforcer notre organisation, outil de transformation sociale pour les jeunes et le pays.