Meutre de Nael : Déclaration du Conseil national
Le Conseil national du MJCF réuni à Paris les 1 et 2 juillet fait part de son émotion et de son indignation suite à la mort du jeune Nahel, tué par un policier le 27 juin à Nanterre. Il souhaite tout d’abord apporter son soutien à la famille de la victime.
Au regard des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, l’usage de l’arme à feu par le policier n’est en aucun cas justifié. Un refus d’obtempérer ne justifie en rien une mise à mort. Il ne s’agit pas d’une intervention policière régulière, mais bel et bien d’un meurtre.
Suite à ces évènements, l’émotion et la colère sont légitimes. Elles ont entraîné de violents affrontements avec les forces de l’ordre et la destruction de bâtiments publics. Les habitants de ces quartiers en seront les premières victimes. Si ces dégradations sont regrettables, seules une justice rendue, une condamnation juste et des actes politiques seront en mesure d’apaiser les tensions. La mise en examen pour homicide volontaire de l’auteur des faits va à ce titre dans le bon sens.
Si ces violences ne sont pas en soi des “révoltes politiques”, celles-ci revêtent pour autant un caractère politique. L’absence d’organisations capables de s’adresser à cette jeunesse et de transformer la colère en revendication et en victoires politiques explique le caractère incontrôlé des violences. Cela nous renforce dans notre volonté de faire du MJCF l’organisation politique capable de s’adresser à toute la jeunesse, et particulièrement celle éloignée et exclue des cadres militants existants.
Pour le MJCF, si ce meurtre ne doit pas jeter l’opprobre sur l’ensemble des policiers, il doit conduire à des changements profonds dans les institutions.
Les rapports entre police et population, en particulier dans les quartiers populaires, sont trop souvent régis par la violence, l’affrontement, les humiliations et les discriminations à caractère raciste. Les contrôles aux faciès, les tutoiements et les violences policières qui peuvent en découler en sont l’illustration la plus flagrante. Depuis le début de l’année, d’autres cas de meurtre sous couvert de délits de fuite ont déjà eu lieu. Ajoutée à une désertion des services publics dans ces quartiers et à un chômage galopant, cette situation revient, de fait, à faire d’une partie de la jeunesse une catégorie de “sous-citoyens”, rendant factice la promesse d’égalité républicaine sur le territoire. Le parallèle avec la situation de 2005 montre qu’en presque 20 ans, les problèmes de fonds soulevés à cette époque n’ont pas été résolus, voire se sont amplifiés.
Dans le même temps, la Loi sur la sécurité publique votée en 2017 a facilité l’usage des armes à feu par les policiers lors des contrôles. Le flou créé par cette loi ouvre la possibilité pour un policier d’ouvrir le feu sans que sa vie soit en danger, sur la base d’une appréciation d’une action qui pourrait être commise. Cette loi contribue à créer un sentiment d’impunité chez certains membres de la police.
Dans cette période, la droite et l’extrême droite montrent leur visage le plus violent et raciste. Le refus de condamner le meurtre de Nahel, et les mensonges sur le prétendu casier judiciaire de celui-ci apparaît comme une réaction de classe et une levée de bouclier contre toute possible remise en cause de l’institution policière.
En parlant de “guerre civile” et en appelant à l’armée pour réprimer les affrontements, ceux-ci espèrent tirer profit de la séquence pour avancer leur agenda autoritaire, raciste et anti-démocratique tout en tentant de masquer la situation sociale qui les sous-tend. Des groupuscules d’extrême droite profitent de cette situation pour se livrer à des agressions organisées contre des jeunes ou des soutiens à la famille de Nahel comme cela a été le cas à Angers.
La période montre aussi la pénétration parmi les forces de police des idées d’extrême droite. À ce titre, le communiqué de presse publié par deux syndicats policiers apparaît comme une déclaration factieuse inacceptable, qui doit entraîner une réaction ferme de la hiérarchie.
Lors de son 43° Congrès, le MJCF avait affirmé la revendication suivante :
“Le MJCF revendique une police nationale républicaine au service des citoyens et des citoyennes, et de proximité. Des moyens doivent être mis en termes de formation et de recrutement afin que la mission du service public de la sécurité soit une mission de prévention plus que de répression.”
À ce titre, nous vendiquons :
- la justice pour Nahel et sa famille
- l’abrogation de l’article 1 de la loi de 2017 relative à la sécurité publique
- la suppression des contrôles d’identité
- Un recrutement et une formation de qualité pour les fonctionnaires de police.
- la création d’un observatoire national des violences policières, sous statut public, indépendant du ministère de l’Intérieur, chargé de recenser et d’analyser les violences commises par des agents de police ainsi que les suites administratives et judiciaires qui sont données, et d’en informer les citoyennes et citoyens. Cela doit aussi conduire à exclure de l’institution les agents se rendant coupables d’agissements ou de propos racistes.
Le MJCF appelle à transformer la juste colère contre l’institution policière en un puissant mouvement pour faire effectivement de la police un organisme au service des intérêts du peuple.