Sommet de l’IA : Progrès sociaux pour tous, ou profits de quelques-uns ?

Hier, s’est clôturé le Sommet de Paris sur l’Intelligence artificielle (IA), qui a connu un écho important au sein de la communauté internationale et de l’espace médiatique. 

Si cet événement  a permis au président de la République de s’offrir un coup de communication, après des semaines de déboires parlementaires et de débat catastrophique sur le budget, il n’en reste pas moins un sujet de premier ordre. 

Les problématiques sont nombreuses, et suscitent autant d’inquiétude que d’excitation : quelle place de l’IA dans le système productif ? Quel rapport à l’emploi et à l’enseignement ? Comment assurer une protection complète des données personnelles ? 

Le développement de l’IA ces dernières années apparaît être une véritable révolution technologique, qui laisse présager des progrès importants dans des secteurs tels que la santé, l’industrie ou bien la défense. 

Néanmoins, ces progrès ne pourront pas se faire tant que l’IA n’est pas placée sous contrôle démocratique, et que son développement n’est pas encadré par la puissance publique.

Comme toutes grandes avancées technologiques, c’est à nous d’en dessiner les contours, et d’orienter la recherche vers des objectifs de développement et d’amélioration des conditions de vie, plutôt que la recherche permanente de profits. 

À ce titre, Emmanuel Macron et son gouvernement entretiennent un double discours à peine caché, et qui démontre bien toutes les contradictions du libéralisme. 

Comment peuvent-ils affirmer soutenir la science et le progrès quand, dans le même temps, ils amputent de plusieurs milliards d’euros la recherche, l’enseignement supérieur et les services publics de l’éducation et de la formation ? 

Comment pourrait-on former à l’IA plus de 60 000 jeunes supplémentaires par an, alors même que ces dix dernières années, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de détruire la formation professionnelle, en lycée pro, en BTS, comme en alternance ? 

Comment peut-on faire de l’IA une « priorité stratégique pour la France », quand la quasi-totalité des investissements – dont les 109 milliards d’euros annoncés ce dimanche – ne relève que de capitaux privés, hors de tout contrôle de l’État ? 

Aujourd’hui, la réalité est celle-ci : ce secteur est monopolisé par des fonds d’investissement privés, et les possibles progrès sont sacrifiés sur l’autel du profit. 

Pourtant, l’IA pourrait nous permettre d’améliorer drastiquement les conditions de travail, particulièrement des jeunes, en soulageant une partie des tâches pénibles et en mettant à dispositions des travailleurs de nouveaux outils technologiques. 

Comme pour toute nouvelle technologie, celle-ci n’est ni bonne ni mauvaise à priori. Tout dépend de l’usage qui en est fait, ce qui pose la question de propriété de celle-ci. Sur cette question comme d’autres, c’est bien la question de la lutte des classes qui est au centre. 

L’IA générative pourrait révolutionner nos méthodes d’apprentissage, à tous les échelons de la scolarité, à condition de permettre à chaque jeune, et à chaque professionnel de l’enseignement, d’avoir les connaissances et compétences nécessaires à son utilisation. 

Pour ces raisons, nous revendiquons un contrôle démocratique de l’IA et de son développement, et un encadrement, par la puissance publique, de son déploiement dans les secteurs stratégiques. 

De même, et pour réellement faire de la science et du progrès technique une priorité, nous revendiquons un réinvestissement massif dans l’enseignement supérieur et la recherche, ainsi que dans l’éducation nationale. 

Pour faire de l’IA un outil utile, et à disposition de toutes et tous, nous revendiquons une véritable éducation à l’intelligence artificielle, à tous les échelons de la scolarité. Pour se faire, l’école devra opérer une véritable révolution, et sortir des logiques élitistes et de la reproduction sociale et genrée des inégalités.