Annulation des épreuves du baccalauréat : un choix idéologique et dangereux

Sans grande surprise, Jean-Michel Blanquer a annoncé l’annulation des épreuves de spécialité du baccalauréat au profit des notes obtenues en contrôle continue. 

Cette décision est prise très hâtivement. Si les cours sont maintenus, pourquoi faire le choix de l’annulation des épreuves alors que nous ne sommes qu’au mois de janvier ? La tenue d’un examen ne semble pourtant pas plus dangereuse que le suivi d’un cours. Si c’est la crainte d’un nouveau confinement  qui a guidé son choix, pourquoi ne pas simplement reporter les épreuves à la fin de l’année scolaire avec les autres épreuves du baccalauréat ? C’est pourtant ce que réclamaient élèves et professeurs depuis déjà plusieurs semaines. Mais une fois de plus, Jean-Michel Blanquer choisit la pire des solutions, au mépris des revendications des premiers concernés. 

Bien que la situation exceptionnelle puisse justifier des aménagements profonds des examens, la formule adoptée par le ministre est une nouvelle remise en cause du caractère national du baccalauréat après l’expérience de l’année passée. 

Sans cadrage national, le baccalauréat sera nécessairement vecteur d’inégalités entre les élèves et les établissements. La valeur du diplôme ne sera plus évaluée en fonction de la note obtenue à une épreuve commune et nationale mais de la réputation de l’établissement d’origine de l’élève. Il s’agit donc de l’option la plus inégalitaire et discriminatoire possible. 

De plus, on peut légitimement se questionner sur les notes obtenues au contrôle continu depuis le début de l’année: avec des conditions d’études aussi particulières (absences plus fréquente d’élèves et de professeurs, cours à mi-temps, etc.) il est particulièrement injuste de considérer que ces notes puissent être un indicateur suffisant pour l’obtention ou non du diplôme. 

En plus de refuser la mise en place d’un plan d’urgence pour rattraper le retard accumulé par les élèves depuis le premier confinement, le ministre vient amplifier la fracture sociale au sein du système éducatif. 

Cette annonce se tient en plein lancement de la saison 2021 de Parcoursup. La fin du cadrage national du baccalauréat joint à Parcoursup va avoir des effets désastreux, puisque les notes du contrôle continu seront intégrées au dossier. La sélection sociale à l’entrée de l’université, déjà flagrante,  va nécessairement augmenter. 

La rapidité du choix du ministre d’annuler ces épreuves du baccalauréat relève plus d’un choix idéologique que d’une mesure sanitaire. Le ministre est un fervent défenseur du contrôle continu, pilier central de sa réforme du baccalauréat rejetée massivement dans la communauté éducative. Il est évident que Jean-Michel Blanquer instrumentalise une nouvelle fois la crise sanitaire pour légitimer ses projets de contrôle continu pour le baccalauréat, pourtant inégalitaire et injuste. Le Ministre de l’Education vient asseoir son projet d’une école libérale au service de la reproduction sociale. 

Le MJCF demande à ce que tout soit mis en œuvre pour maintenir les épreuves du baccalauréat. Nous demandons ainsi que soit envisagé des réquisitions de locaux vides pour permettre de respecter les distanciations ou un report des épreuves à la fin de l’année, ainsi qu’un allégement des programmes. 

Nous demandons également la fin de Parcoursup. Si le fonctionnement “normal” de l’école a été suspendu, la plateforme doit l’être également. 

Nous demandons à ce que dès maintenant soit mis en place un plan de rattrapage du retard accumulé depuis près d’un an. Celui-ci doit passer par un recrutement massif d’enseignants en ouvrant les places aux concours et en allant chercher les candidats sur les listes complémentaires. Nous prendrons ainsi part à la mobilisation du 26 janvier et appelons l’ensemble des élèves et étudiants à venir grossir les rangs des manifestations et rassemblements organisés ce jour.