Communiqué du MJCF sur la Coupe du Monde au Qatar

Réuni en Conseil national les 24 et 25 septembre, le MJCF a défini sa position sur la Coupe du Monde qui se déroulera au Qatar à partir du 20 novembre. 

L’organisation d’un tel événement au Qatar est un scandale à plus d’un titre. 

Scandale tout d’abord en termes de conditions de travail pour les ouvriers des chantiers des stades: aux plus de 6 500 morts sur les chantiers, il faut ajouter des milliers d’autres réduits à une condition de quasi-esclavage par leurs patrons. 

Scandale aussi pour les droits humains. Dans cette dictature autoritaire et religieuse, les droits de l’opposition sont inexistants. Pays appliquant la Charia, l’homosexualité y est interdite et toujours passible de la peine de mort. Les femmes sont victimes de fortes violences, dans un système patriarcal des plus virulents, placées dans un système de dépendance totale vis-à-vis des hommes. Enfin, le pays entretient des liens plus que troubles avec les mouvances islamistes sunnites: longtemps allié officiel des Frères musulmans, il est encore régulièrement accusé de financer le terrorisme de groupes comme Daesh.  

Scandale écologique aussi. L’organisation de la coupe du monde dans un pays où les températures avoisinent les 30 degrés en décembre représente une débauche énergétique, avec des stades climatisés et une économie reposant quasi exclusivement sur les énergies fossiles. 

Enfin, scandale sur le plan sportif. La FIFA a accepté de se plier aux exigences du Qatar en modifiant les dates de tous les calendriers nationaux : les championnats seront ainsi interrompus en plein milieu de saisons, et les joueurs seront amenés à jouer des matchs extrêmement resserrés.

Ces scandales sont les révélateurs d’un sport professionnel gangrené par les intérêts financiers et géopolitiques, qui amène les institutions du football à fermer les yeux sur toutes considérations humaines, écologiques ou sportives. Elles appellent à une action politique forte, pour la défense des droits humains et d’un sport populaire, libéré du pouvoir de l’argent. 

Pour le MJCF, l’appel à boycotter la compétition n’apparaît pas comme une réponse satisfaisante en tant qu’organisation politique. À quelques semaines du premier match, et alors que les délégations s’y préparent et que les places sont déjà vendues, le boycott relève plus d’une position individuelle et éthique que d’un mot d’ordre politique ayant des chances d’aboutir à une victoire. 

Plutôt que de renvoyer chacun à sa responsabilité individuelle, dans un discours pouvant apparaître culpabilisant, le MJCF s’attellera à mettre en lumière les véritables responsables de cette situation: la FIFA en tant qu’organisateur, les grandes entreprises qui rendent l’événement possible grâce à leur sponsor et les grandes puissances – France en tête – ayant usé de toute leur influence pour favoriser la désignation du Qatar comme pays hôte. 

C’est à ce système faisant primer les intérêts économiques sur toute autre considération qu’il faut s’attaquer.

Une campagne de communication et d’information sera menée sur le terrain et sur les réseaux sociaux pour alerter sur les multiples scandales que représente l’organisation de la compétition au Qatar et pour présenter la démarche du MJCF. 

Le MJCF organisera des tournois de football pour la liberté. Ceux-ci permettront de promouvoir l’accès pour toutes et tous au sport ainsi que le sport féminin et, plus généralement, les droits des femmes. 

Le MJCF sera à l’initiative d’interpellations des joueurs de l’équipe de France. S’ils ne sont pas responsables de l’organisation de la compétition au Qatar, il est de leur devoir de dénoncer publiquement les scandales autour de celle-ci, comme d’autres fédérations s’apprêtent à le faire.

Le MJCF dénoncera les agissements des entreprises privées, que ce soient les  sponsors officiels de l’événement mais aussi les sites de paris en ligne faisant la promotion de la Coupe du monde, celles-ci portant une forte responsabilité dans la légitimation de cette compétition. 

Le MJCF profitera de la période pour mettre en avant les revendications suivantes :

  • L’obligation pour la FIFA et le CIO d’imposer un cahier des charges extrêmement strict en matière de droits du travail et de droits humains et d’impact écologique aux pays hôtes des grandes compétitions internationales
  • La mise en place d’une COP sur le football afin de remettre à plat l’organisation et le financement des instances internationales sportives