Face à l’avidité du système, la sortie de crise demeure incertaine

Etats-Unis : l’extrême droite laisse sa place au monde de la finance

Le 6 janvier dernier, le Président Donald Trump a démontré toute l’étendue du caractère fasciste de sa politique. Alors que la Chambre des représentants et le Sénat votaient la validation des résultats de l’élection présidentielle, plusieurs milliers de personnes ont pris d’assaut le Capitole, lieu sacré des institutions américaines, suite à un discours aux relents putschistes du perdant de l’élection présidentielle américaine.

Cet événement n’est en rien spontané au regard de l’histoire des Etats-Unis et des crises sociales et économiques qui se sont succédé ces dernières décennies. Cette société américaine de plus en plus fracturée a vu se renforcer d’un côté, la frange extrémiste réactionnaire du parti Républicains, incapable de reconnaître les résultats de cette élection et dénonçant des ennemis de l’intérieur à grand renfort de symboles racistes hérités de la Guerre Civile. Pour leur faire face, les mouvements progressistes qui se sont illustrés ces derniers mois, avec en tête le mouvement Black Lives Matter, ont gagné pour alliance institutionnelle la Présidence de Joe Biden. L’une des attentes les plus fortes exprimée ces derniers mois, au cours de la campagne présidentielle en particulier, fut le désir de justice quant aux meurtres racistes commis par des policiers ou des civils armés, qui restent impunis la plupart des cas. Ce déni de justice qui a notamment conduit à légitimer le racisme auprès des allié·e·s de Trump mais aussi bien au-delà dans la population américaine. Un déni de justice qui a renforcé les phénomènes fascistes tels que les milices armées. Milices directement responsables de fusillades en marge des manifestations du camp progressiste.

Cette sortie de crise, incarnée par Joe Biden a pu laisser sceptique plus d’un.e. Néanmoins, ce nouveau président, s’il ne révolutionne pas la société américaine, permet de sortir de l’ère Trump. Pour ce que l’on sait de son programme politique, les propositions qu’il comporte ne rendront pas justice aux victimes des violences policières et ne mettront pas fin aux mécanismes qui renforcent les inégalités sociales de toutes natures. Mais il est à noter que depuis plusieurs années, avec l’avènement de Bernie Sanders et ses alliés au sein du parti démocrate, un rapport de force s’est constitué dans ce camp politique.  La gauche radicale a réussi à imposer les enjeux de politique sociale à l’agenda de Biden. Ainsi, le mandat démarre avec des annonces d’augmentation du salaire fédéral qui va être doublé, passant à 15 dollars de l’heure et un chèque d’urgence d’un montant de 2000$ distribué à l’ensemble des ménages américains. Ces annonces ne viennent pas remettre en cause le système capitaliste mais ont l’avantage de répondre à une urgence sociale du pays. 

Sur le plan de la politique internationale, Joe Biden reprend la ligne diplomatique qu’il exerçait alors qu’il était le Vice-président de Barack Obama. Sur la question du Proche-Orient, le soutien est un peu plus mesuré que celui de Trump envers Israël mais va tout de même avoir des répercussions pour les Palestinien.nes, alors que Benjamin Netanyahu annonce la création de 800 nouvelles colonies dans les territoires occupés de Palestine. Ce projet de construction de logements pour les colons entre une nouvelle fois en violation du droit international. Au moment des déclarations du gouvernement israélien sur sa volonté d’installer ces colonies, aucune réaction n’a été tenue chez les démocrates en instance de prendre les commandes de la diplomatie américaine. Joe Biden a affirmé vouloir une solution à deux états, qu’il juge être la seule issue au conflit, mais s’est par contre engagé à maintenir l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem. Le maintien de cette véritable agression commise par Donald Trump en 2017 légitimait la colonisation et avait alors fortement affaibli la diplomatie palestinienne. Comme nous l’avions déclaré au lendemain de l’élection de Biden, rien ne laissait croire à un changement de cap de la diplomatie américaine concernant la colonisation de l’État d’Israël en Palestine, les agissements récents du nouveau Président le démontrent. 

Dans la crise diplomatique entre l’Iran et les USA, une réintégration des accords sur le nucléaire iranien est annoncée, alors que Trump avait quitté l’accord en plombant l’Iran de sanctions économiques qui ont coûté cher à la population iranienne. Ce changement de comportement, moins belliqueux dans les relations internationales, se poursuit dans les autres domaines diplomatiques avec le retour aux accords de Paris pour le climat ou bien le retour au sein de l’OMS. Un “come-back” des Etats-Unis sur la scène internationale qui ne doit pas cacher les intentions impérialistes de la première puissance mondiale en forte compétition avec d’autres puissances naissantes.

Pas de profits sur la pandémie : les brevets doivent tomber dans le domaine public

La politique coloniale de l’État d’Israël a d’autant plus de répercussions à l’heure de la crise sanitaire. Les Palestiniens des territoires occupés sont aujourd’hui privés de vaccins contrairement à l’obligation d’Israël d’assurer un approvisionnement à toutes les populations des territoires sur lesquels elle exerce son autorité. Dans les prisons aussi, une politique ciblée de non-vaccination des détenus palestiniens a été ordonnée par les autorités israéliennes. Dans le même temps, les colons des territoires occupés ont bien accès à la vaccination et déjà 20% de la population d’Israël est vaccinée.La découverte du vaccin contre la Covid-19 a été pour beaucoup de peuples l’espoir d’un tournant, ou au moins le début d’une solution à cette pandémie. On peut notamment féliciter Cuba qui malgré le blocus que l’île subit depuis 60 ans parvient à mettre au point un vaccin. Baptisé “Souveraineté 02”, la production de 100 millions de doses est lancée et sera notamment envoyée en Iran en plus de son usage par les Cubains eux-mêmes. Cette victoire du gouvernement cubain en matière de politique de recherche est un exemple pour le monde alors que la plupart des pays les plus développés se livrent une chasse au vaccin. Ce n’était pas sans compter sur une industrie pharmaceutique entre les mains d’actionnaires cyniques qui ont très rapidement vu un excellent filon à exploiter, aux milieux des puissances impérialistes faisant monter les enchères. Rien n’est fait pour empêcher la génération d’un profit monstre sur le dos de la pandémie. Les vaccins vont être vendus au dépens des finances des systèmes de santé nationaux à travers le monde. Dans cette crise sanitaire et sociale mondiale, l’intérêt de l’humanité toute entière rentre une fois de plus en conflit avec les intérêts de la bourgeoisie capitaliste qui souhaite conserver les brevets de recherche dans le domaine privé.

En Europe, la Commission européenne a négocié à la chaîne les contrats avec les laboratoires pharmaceutiques dans une opacité complète. Un accès limité à un seul contrat a été organisé par la commission puisque seulement une compagnie avait accepté de se prêter à ce jeu de la semi-transparence. Nous ne savons donc rien sur les conditions de livraisons des vaccins, négociés à une échelle supra-étatique, alors que dans le même temps, les gouvernements européens semblent incapables d’organiser la campagne de vaccination.

À l’échelle internationale, nous constatons une fracture entre pays du sud et pays du nord. Alors que la Chine, les USA et l’Europe ou encore Israël sont en tête dans la distribution du vaccin, une étude publiée par la revue médicale BMJ relatait que plus d’un cinquième de la population mondiale devra attendre 2022 pour se faire vacciner, du fait de la réservation des doses aux pays les plus riches. Alors que les pays les plus pauvres constituent la part la plus importante de la population mondiale, mais aussi la plus touchée par le virus du fait de la faiblesse des infrastructures médicales, ils vont également subir la double peine par cette privation de protection. 

Nous l’avons vu depuis maintenant près d’un an, la Covid-19 a été lourde de conséquences avec un nombre de victimes directes estimé à plus de 2 millions de morts dans le monde. Mais aussi les victimes indirectes de la crise sociale qui aura exacerbé les inégalités et les exploitations de ce système capitaliste, incapable de faire face. Pour avancer dans cette crise, le multilatéralisme doit nous permettre d’avancer et de trouver une issue dans la distribution des vaccins. Une politique internationale doit être élaborée par les Etats, qui coordonne la distribution du vaccin, véritable bien commun de l’humanité, en fonction des besoins de chacun afin d’éradiquer les déséquilibres qui ralentissent cet espoir d’une sortie de crise. 

Le MJCF exige que les brevets tombent dans le domaine public, afin de faire avancer la recherche mondiale pour une couverture vaccinale la plus large possible. Nous soutenons la campagne européenne lancée par le PCF visant à établir la gratuité de la vaccination et la limitation des profits des industries pharmaceutiques à la faveur de cette crise mondiale. En effet, plus la recherche pourra avancer dans l’élaboration de vaccin, plus les systèmes de santés mondiaux seront en capacité d’organiser une couverture vaccinale efficiente par la mise en route de capacités productives plus vastes.  Le MJCF appelle la diplomatie française à agir pour la libération des prisonniers et prisonnières politiques palestiniennes. La France doit non seulement condamner ce projet de colonies ainsi que l’entrave à la vaccination opposée au peuple palestinien. Le MJCF appelle également à ce que soit mis en œuvre des sanctions d’ordre diplomatiques et économiques à l’encontre d’Israël afin de faire respecter le droit international.