Face aux révoltes populaires : les bourgeoisies du monde tentent d’étouffer les aspirations démocratique des peuples

Ces derniers mois, ces dernières semaines, le monde a connu une vague de mobilisations populaires d’une ampleur rarement égalée. De l’Algérie au Chili, de l’Irak à la France, tous les continents sont touchés. Des millions de personnes mènent des luttes massives et de longue durée, faisant vaciller les pouvoirs en place.

Si chacun de ces mouvements plonge ses racines dans un contexte national et régional qui lui est propre, force est de constater que tous combinent des facteurs économiques, sociaux et politiques. La guerre économique mondiale entre les États-Unis et la Chine, respectivement première et deuxième puissance économique mondiale, entraîne un ralentissement économique important accentuant les contradictions au sein du capitalisme néolibéral.  L’élément déclencheur de l’explosion sociale est souvent une nouvelle ponction opérée sur les revenus de la classe travailleuse et des couches populaires : hausse du prix de l’essence en Équateur, du pain au Soudan, taxe sur les communications électroniques au Liban, augmentation du prix du ticket de métro au Chili. Des ponctions qui nourrissent la fuite en avant des inégalités au sein des sociétés et au plan mondial. Ces raisons ne sont pas sans rappeler l’étincelle qui lança il y a précisément un an le mouvement des gilets jaunes en France.

Face à des systèmes politiques et institutionnels qui n’ont le plus souvent de démocratiques que le nom, qu’ils soient hérités de dictatures militaires, de la domination coloniale, d’une occupation étrangère, ou soumis aux diktats des institutions financières internationales comme le FMI, ces mobilisations proclament l’unité et la souveraineté populaires, par delà les divisions ethniques, religieuses, culturelles. Elles réclament le droit pour chaque société de déterminer librement son avenir et de vivre dignement.

Ce faisant, elles remettent en cause, avec des degrés de conscience divers, l’ordre capitaliste néolibéral et sa logique de marchandisation et de concurrence à outrance, cause de destruction des solidarités, de paupérisation et d’exacerbation des inégalités. Elles sont tout autant la manifestation de l’échec de ce système à répondre aux besoins du plus grand nombre, que le signe annonciateur de la prochaine crise du capitalisme, qui sera encore plus dévastatrice que celle de 2008.

Confrontées à cette remise en cause, les bourgeoisies ne restent pas sans réagir. Partout, elles cherchent à éteindre ou détourner la colère populaire, voire à supprimer celle-ci par la violence. En Irak, la répression a déjà provoqué plus de 320 morts et 15 000 blessés. En Algérie, des dizaines de participants du Hirak sont emprisonnés par le pouvoir. Au Chili, les violences policières atteignent un niveau inédit depuis la fin de la dictature.

L’exemple le plus clair en est la Bolivie, où les États-Unis soutiennent le coup d’État mené par les représentants locaux du néolibéralisme et de la réaction obscurantiste et raciste. En Syrie, l’offensive turque contre le Rojava a mis fin à l’expérience démocratique dans les territoires du nord-est sous patronage russe. Cette attaque d’un membre de l’OTAN a été rendue possible par un revirement du président américain trahissant ses alliés kurdes, mais également européens. Accentuant encore l’instabilité régionale, cette opération militaire a également conduit à des critiques inédites de l’OTAN par le président français. On observe donc à la fois une normalisation du recours à la force par les puissances impérialistes, mais également une recomposition de leurs alliances.

Réuni à Pantin les 16 et 17 novembre 2019, le Conseil national du MJCF renouvelle son ferme soutien aux mobilisations populaires qui, à travers le monde, luttent pour la démocratie et la dignité. Nous appelons à multiplier les actions de solidarité avec celles-ci et à participer activement aux initiatives de rejet du coup d’État en Bolivie et en soutien aux forces progressistes de ce pays.