Helin Bölek, assassinée par le gouvernement turc

Helin Bölek, chanteuse du groupe de musique socialiste turc Grup Yorum, est décédée vendredi à Istanbul des suites d’une grève de la faim de 288 jours. Elle avait 28 ans. Par cette grève de la faim, entamée aux côtés de son camarade Ibrahim Gökçek, Helin Bölek dénonçait la persécution dont le groupe était la cible du fait de son engagement culturel artistique en faveur de la liberté et de la démocratie en Turquie.

Fondé à la suite du coup d’Etat militaire de 1980, Grup Yorum n’a en effet cessé depuis lors de dénoncer courageusement les oppressions à l’encontre des classes dominées, des peuples marginalisés et des démocrates de Turquie, que celles-ci soient le fait des nationalistes, des fascistes ou des islamistes.

Un engagement qui a valu au groupe et à ses membres d’être accusés de terrorisme, certains étant incarcérés, leurs concerts interdits, leurs instruments de musique détruits par la police lors de très nombreuses descentes dans le centre culturel Idil à Istanbul ou au domicile des artistes. Helin Bölek et Ibrahim Gökçek avaient eux aussi été emprisonnés, la première de 2016 à 2019, le deuxième, placé en résidence surveillée pour raisons médicales en février dernier.

Une répression aggravée par Recep Tayyip Erdogan, à qui l’accusation de terrorisme a servi à emprisonner arbitrairement des milliers d’opposants à son régime. La mort de Helin Bölek s’ajoute aux crimes de ce gouvernement. Depuis plusieurs semaines, de nombreuses organisations turques et étrangères, dont l’Association du barreau d’Istanbul, la Chambre médicale d’Istanbul, l’Initiative des artistes et l’Assemblée artistique, alertaient sur la dégradation de l’état de santé des grévistes de la faim et demandaient la fin des persécutions.

En poursuivant celles-ci, le président Erdogan est directement responsable de la mort de Helin Bölek.

Le MJCF rend hommage à Helin Bölek et à son combat pour la justice et la liberté. Nous adressons nos condoléances à ses proches et ses camarades et assurons de notre solidarité toute celles et ceux qui poursuivent son combat.

Il doit être mis immédiatement fin aux persécutions contre Grup Yorum et ses membres, ainsi que contre toutes et tous les démocrates de Turquie. Nous demandons en ce sens la libération de toutes les prisonnières et tous les prisonniers politiques, dont la vie est sciemment mise en danger par le gouvernement turc, qui les a spécifiquement exclus du plan de remise en liberté visant à faire face à la pandémie de Covid-19.

La France doit quant à elle cesser de soutenir l’entreprise de répression turque, en retirant de la “liste des organisations terroristes” les groupes et personnes dont le seul tort est de lutter pour la liberté de leur peuple.