Retrait des troupes françaises du Mali : l’effet d’annonce d’un échec programmé

Emmanuel Macron a annoncé officiellement le retrait des troupes françaises du Mali, mobilisées depuis 2013 dans le cadre de l’opération Barkhane. Prenant prétexte sur l’impossibilité de travailler avec la junte au pouvoir, aucune remise en question n’a été faite sur l’échec programmé de cette opération.

Si cette annonce apparaît claire sur le retrait des troupes françaises, elle l’est beaucoup moins quand on regarde du côté de la présence française dans le cadre de la mission européenne Takuba et du soutien à la mission de l’ONU MINUSMA dans la région. Sur ces deux dernières, le retrait s’annonce beaucoup moins brutal et le  soutien militaire français reste actif dans le cadre de ces missions, mais surtout dans l’ensemble de la région Sahélienne.

Enfin, ce retrait est loin d’être conjoint et organisé avec les forces locales, comme l’a pourtant annoncé notre Président. C’est une décision unilatérale qui passe, à quelques semaines des élections présidentielles, comme une annonce de campagne supplémentaire pour le candidat/président.

De cette annonce, nous prenons acte de l’ampleur de l’échec de cette opération.

Au-delà d’un bilan humain important pour les populations locales et les militaires, une conséquence majeure de cette opération a été de disséminer la menace terroriste dans tout le sahel, au lieu d’une concentration à l’origine dans le Nord Mali. 

La présence terroriste s’est depuis éclatée avec une augmentation de 17% au Mali et une montée au Burkina Faso, au Sud Sud Ouest Nigerien, dans le Golfe de Guinée…

De plus, l’ingérence militaire française croissante a accentué les tensions avec la population locale qui ont à plusieurs reprises manifesté pour exiger le retrait des troupes françaises.

Cet exemple parmi d’autres des conséquences de ce type d’opérations, nous amène à remettre en cause l’escalade militaire comme solution à la menace terroriste.

Le terrorisme prospère sur la misère, il est lié aux problématiques foncières, aux conditions de vie désastreuses et aux questions de justice sociale et fiscale. La destructuration même des Etats d’Afrique, créée et entretenue par les puissances impérialistes, à constitué ce terreau propice à la croissance de la menace terroriste. 

La France, par ce retrait unilatéral, n’assume aucune de ses responsabilités dans la déstabilisation de la région sahélienne et de l’échec de cette opération.

La France doit porter une voix de paix et de solidarité et mettre un terme à toutes les opérations militaires unilatérales à l’étranger.