Les peuples de Turquie, très largement mobilisés le 14 mai dernier, se sont donnés l’opportunité de mettre un terme à 20 ans de règne de Recep Tayyip Erdogan. Malgré l’utilisation massive de médias inféodés au régime, malgré l’utilisation violente de l’appareil d’État pour réprimer les militants de l’opposition, et singulièrement du HDP, l’AKP perd la majorité absolue qu’il détenait au Parlement depuis 2015 et Erdogan est contraint d’affronter un second tour pour la première fois.
Une délégation de communistes français-es observe le déroulement des opérations électorales. Le décompte des votes et la tenue des élections ont fait l’objet de contestations de la part de l’opposition.
Depuis la réforme constitutionnelle de 2017, Recep Tayyip Erdogan a concentré les pouvoirs de chef d’État et de gouvernement et a renforcé une pratique de plus en plus violente et autoritaire du pouvoir. Les moyens de l’État sont mis au service d’une répression terrible du peuple Kurde et des partis d’opposition. Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag sont toujours emprisonné-es, comme 6 000 de leurs camarades du HDP. Au cours de la campagne, les attaques du camp Erdogan contre son opposant Kemal Kilicdaroglu se sont concentrées sur ses convictions religieuses alevites et son origine kurde, dans la droite ligne d’un mode de gouvernement exaltant les pires instincts racistes pour faire accepter toutes les régressions.
Dans l’entre-deux-tour, Sinan Ogan, candidat ultra-nationaliste a apporté son soutien au candidat de l’AKP, se vantant d’avoir amené Erdogan à prendre des engagements pour l’expulsion des réfugiés syriens, une répression toujours plus violente contre les Kurdes et une concentration des pouvoirs dans les mains de l’exécutif. En cas de victoire de cette alliance de fait, un nouveau durcissement du régime s’annonce.
Le second tour de ce scrutin peut au contraire permettre de revenir à un régime parlementaire respectant les droits de l’opposition. La Turquie compte 5 à 6 millions de jeunes qui s’expriment pour la première fois lors d’une élection présidentielle. Ils et elles n’ont connu que la crise économique, la répression et le recul des droits démocratiques, leur mobilisation massive peut permettre d’ouvrir un nouvel horizon pour les peuples de Turquie. Le MJCF apporte son soutien aux forces progressistes qui sont engagées jusqu’à la dernière minute pour faire tomber le régime d’Erdogan, ce qui passe par la victoire de la coalition et de Kemal Kilicdaroglu, son candidat.