Un plan pauvreté pour ne rien changer

Les annonces du Président de la République jeudi dernier sont aussi décevantes qu’attendues. Ce “plan pauvreté”, repoussé par deux fois par un gouvernement qui n’en fait pas sa priorité, ne semble être motivé que par des considérations budgétaires.

Emmanuel Macron a bien annoncé 8 milliards d’euros de dépenses sur les quatre prochaines années, mais en réalité 4 étaient déjà prévus. 1 milliard par an donc pour “éradiquer la pauvreté”, quand la seule suppression de l’ISF rapporte 5 milliards par an aux plus riches du pays. Le compte n’y est donc certainement pas et le titre de président des riches n’est pas usurpé pour l’actuel locataire de l’Elysée.

La pauvreté, c’est 8,8 millions de personnes en France. Les enfants et les jeunes sont les tranches d’âge les plus frappées par la pauvreté. L’enjeu d’une politique efficace de lutte contre ce fléau est immense et les annonces du Président de la République sont donc d’autant plus ridicules que les besoins sont grands.

Emmanuel Macron propose un nouveau service public de l’insertion, alors qu’il entend supprimer plus de 50 000 emplois dans la fonction publique, liquide les contrats aidés et baisse les dotations aux collectivités territoriales. Derrière la rhétorique du “retour au travail” se cache en vérité la volonté de renvoyer la pauvreté à une faute personnelle. La honteuse réponse du chef de l’Etat qui, face à un jeune sans emploi, a rétorqué qu’il n’avait “qu’à traverser la rue pour trouver un emploi” est une nouvelle illustration de cette pensée plus rétrograde que complexe, le mépris en plus.

La volonté de mettre en place un revenu universel d’activité s’inscrit dans la même logique d’individualisation de la pauvreté. L’Etat se désengagerait ainsi de toute politique sérieuse de lutte contre la pauvreté au profit d’une allocation unique. Cette allocation s’accompagnerait d’une politique de chasse au mauvais pauvre pour suspendre le versement de l’allocation et faire pression sur les allocataires, afin de les contraindre à accepter des emplois de mauvaise qualité.

Pour les jeunes, rien de nouveau, la garantie jeune est prolongée, qu’importe que ses effets soient au mieux limités. Le manque de moyens dans les missions locales ne permet pas à celles-ci d’accompagner correctement les jeunes qui s’y présentent. La durée d’un an du dispositif ne permet pas une réelle sortie de la pauvreté, impossible par exemple de trouver un logement. Les financements privilégient en plus les jeunes les plus facilement insérables et écartent les plus éloignés de l’emploi.

Avec ce nouveau plan, le gouvernement dévoile encore un peu plus sa vision de la société française, dans la plus pure idéologie néolibérale : détruire les acquis sociaux bénéficiant à l’ensemble de la population (éducation, santé, retraites) dans le but de réduire la politique sociale et la solidarité nationale à son expression la plus réduite possible, un – trop mince – filet pour les plus pauvres et les plus exclus. Ce faisant, il généralise la précarité et les difficultés sociales, n’établissant que quelques gardes-fous pour tenter de contenir les conséquences désastreuses inévitables de sa politique.

Le Mouvement jeunes communistes de France constate que ce plan ne pose aucune ambition réelle de combattre efficacement la pauvreté. Nous dénonçons un soi-disant “volet social” du quinquennat d’Emmanuel Macron qui s’avère bien moins financé que les cadeaux faits aux riches la première année.

Nous appelons à une réelle politique de combat contre la pauvreté, notamment à destination des jeunes, en leur assurant des droits qui leur garantissent des conditions de vie digne, à commencer par un droit à l’emploi stable et bien rémunéré.