Après plusieurs drames, le ministre de l’Éducation nationale a enjoint les chefs d’établissements à organiser cette semaine une heure de prévention sur le harcèlement scolaire. Une demande faite dans la précipitation qui ne répond en rien aux attentes des jeunes, de leurs familles et de la communauté éducative.
Premièrement, la précipitation de la décision ne permet pas de tenir ces séances dans de bonnes conditions. D’autant plus qu’en cette fin d’année les établissements sont occupés avec les différentes épreuves de brevet, de baccalauréat et la préparation de la rentrée. Ce n’est pas la première fois que les demandes du ministère en termes de délai sont hors sol, mais nous ne nous y habituons pas. Ensuite parce qu’une heure de prévention sans contexte, sans travail en amont n’est qu’accessoire. Enfin, parce qu’il ne suffit pas de dénoncer le harcèlement pour régler le problème.
L’école est un miroir de la société, lieu de construction, elle est aussi un lieu où les discriminations s’enracinent, se reproduisent. Derrière le harcèlement, on retrouve souvent du sexisme, du racisme, des LGBTIphobies, des discriminations envers les personnes en situation de handicap. La violence scolaire, ce sont aussi des jeunes en manque d’un cadre familial protecteur, en rupture avec le système scolaire. Des situations complexes où harceleurs et harcelés peuvent se confondent parce qu’ils répondent aux menaces, parce que la pression sociale est forte.
Pour que le pire de la société ne se retrouve pas dans les couloirs du collège où du lycée, il faut les moyens nécessaires et pas uniquement de la formation. Peut-on être vigilants quand parfois une CPE a sous sa responsabilité 700 élèves ? Quand les assistants d’éducation sont en sous effectifs constants ? Comment un professeur principal peut être attentif quand le baccalauréat Blanquer a supprimé le groupe classe ?
Former et détecter sont de nobles ambitions, mais elles sont vaines sans personnels en nombre suffisant et sans moyens dédiés, particulièrement aux vies scolaires, souvent en première ligne face aux problèmes que rencontrent les élèves. Il faut permettre aussi de travailler sur le climat scolaire et l’éducation civique tout au long de l’année avec là aussi les moyens et des personnels dédiés, sans mettre en compétition les établissements. Il faut permettre à chacun de s’y épanouir plutôt que d’y reproduire des schémas discriminants. Enfin, il faut soutenir les équipes médico-sociales : assistantes sociales, infirmières, psychologue de l’Éducation nationale, là aussi en recrutant.
Le Mouvement Jeunes Communistes de France appelle à investir massivement dans les établissements scolaires pour en faire des lieux d’émancipation :
- Recruter des personnels : professeurs, mais aussi CPE, AED, personnels médicaux, sociaux.
- Diminuer le nombre d’élèves par classe et par établissements.
- Mettre en place une éducation civique ambitieuse.
- Mettre en place réellement les 3 séances d’éducation à la vie sexuelle et affective par an tout au long de la scolarité.