La militante infatigable de la mémoire nous a quitté en cette journée nationale de la résistance. La peine du Mouvement Jeunes Communistes de France pour celle qui fut l’une des nôtres est immense. Nous pensons à sa famille, ses camarades, ses amis et aux militantes et militants de l’amicale de Châteaubriant Voves Rouillé Aincourt. Son parcours exemplaire nous oblige.
Odette Lecland n’a que 15 ans lorsqu’elle rejoint la résistance, militante de l’Union des Jeunes Filles de France, organisation féminine des jeunes communistes, elle ne supporte ni l’injustice, ni la guerre. Elle participe dès 1940 à la manifestation organisée par l’Union des Etudiants Communistes le 11 novembre à Paris. Elle imprime des tracts, les distribue, organise les jeunes de son territoire. C’est en se rendant à la rencontre de Danielle Casanova pour une nouvelle manifestation qu’elle est arrêtée en compagnie de ses camarades par la police française.
Devant la cour martiale, Odette comprend la violence de l’occupant, elle pense à la mort :
« je regardais dehors et je me disais : dire qu’il va falloir mourir et qu’il fait si beau dehors… ». Finalement elle sera internée, libérée, et continuera a voir le beau temps pendant plus de 80 ans. Dans les différents camps la mort est pourtant là, l’une d’elle marquera particulièrement son parcours, celle de Guy Môquet. Entre les grilles qui séparent les hommes et les femmes Guy et Odette s’échangent des mots doux et leurs espoirs, comme le feraient tous les jeunes de 17 ans, malgré la chape de plomb, ils se promettent un baiser à la libération. Il n’aura jamais lieu mais toute sa vie durant, Odette Nilès portera la mémoire du jeune militant.
L’internement n’arrête pas la lutte et dans les camps, Odette continue de mener des combats pour des conditions de vie dignes. Naturellement quand elle réussit à s’échapper elle rejoint les FTP et participe à la libération du pays. Cet épisode sera aussi à l’origine de sa rencontre avec un jeune communiste résistant qui deviendra son mari : Maurice Nilès. Il faut ensuite reconstruire le pays, le parti, les jeunes communistes et construire sa vie.
Elle fût l’une des fondatrice de l’amicale de Châteaubriant, puis en a été présidente, elle a ainsi choisit de devenir une militante de la mémoire. Toute sa vie elle racontera : les hommes qui chantaient La Marseillaise en étant emmenés pour se faire fusiller, le courage des jeunes d’à peine 15 ans qui n’ont pas parlé, la violence de l’occupant et la complicité du régime de Vichy… Elle raconte pour ses enfants, ses petits enfants mais aussi dans les écoles, collèges, auprès des plus jeunes. Elle raconte, pas seulement dans l’idée de faire perdurer la mémoire mais pour partager des valeurs. Contre la barbarie, pour la paix, pour le partage, contre la misère, elle poursuit son engagement. A 95 ans, elle sera la doyenne de la liste communiste aux élections européennes. Jusqu’à la fin de sa vie elle répondra aux différentes sollicitations, y compris celles des Jeunes Communistes, pour faire vivre la mémoire de ses camarades partis trop tôt.
Le Mouvement Jeunes Communistes salue encore une fois la mémoire d’Odette Nilès. Nous continuerons, camarade, ton combat contre l’oubli et la récupération, nous porterons encore la voix de celles et ceux qui, au péril de leurs vies, se sont engagés pour la France, pour un monde plus juste.